12
Le poste de traite

La cheminée de la cabane de bois rond laissait échapper de longues volutes de fumée. L’air ambiant embaumait le conifère. Il n’y avait que quelques constructions aux alentours, dont une petite chapelle. À mesure que nous avancions vers le bâtiment principal, je sentais grandir en moi une irrésistible envie de rebrousser chemin, même si je n’avais nulle part où aller. Je n’étais pas du tout convaincue de ma capacité à trouver les mots justes, ceux qui me permettraient d’obtenir un transport vers Québec sans pour autant m’attirer une légion de questions embarrassantes. Il me faudrait également faire attention à ma conduite puisque la place que tenaient les femmes ici, trois siècles avant la montée du féminisme, n’avait rien de commun avec ma vie antérieure.

Tandis que je poursuivais ma réflexion silencieuse, nous arrivâmes, mon escorte et moi, au poste de traite. Juste à temps semblait-il puisque quelques gouttes de pluie froide me piquèrent soudain le nez. Trop absorbée par l’anticipation de ce qui allait suivre, je n’avais pas remarqué qu’une averse menaçait.

— Peut-être vaudrait-il mieux que vous nous attendiez ici, suggéra Fabrice, tout en me détaillant des pieds à la tête.

Il est vrai que, dans mes vêtements sales et déchirés par endroits, je ne devais pas avoir très fière allure. Je n’étais même pas certaine qu’ils puissent avoir une quelconque ressemblance avec l’habillement du temps, mais je n’y pouvais rien. À ma connaissance, les habits de l’époque étaient cousus à la main, par chaque femme responsable d’une maisonnée. Je regardai Fabrice terminant sa brève inspection et haussai les épaules, impuissante. Il eut un sourire désabusé.

— Je suppose qu’il faudra faire avec cette tenue…

Sur ce, il s’engouffra à l’intérieur, suivi des quelques hommes qui nous accompagnaient. Il me laissa seule avec mes angoisses et mes craintes. Mais ma situation ne devait pas être pire que celle des jeunes filles qui débarquaient sur les quais de la future capitale après des mois passés sur un navire où l’hygiène était pratiquement inexistante…

Mon attente s’éternisa. Mon interprète ressortit finalement, m’enjoignant à le suivre. J’entrai enfin dans ce poste si important pour la traite des fourrures dans le Québec du dix-septième siècle. Il y faisait sombre. Il n’y avait que deux hommes dans la vaste pièce où régnait une forte odeur que j’attribuai aux peaux plus ou moins bien tannées et à la poudre à fusils. Ils me saluèrent autant qu’ils me jaugèrent. J’eus un instant la triste impression d’être de la marchandise avant de réaliser que c’était probablement le cas. Je retins ma langue, craignant de ne pouvoir me contrôler comme il se doit. L’un des occupants se tenait derrière un comptoir, alors que l’autre y était accoudé de ce côté-ci. Si l’un était blond comme les blés, le second était aussi noir que la nuit. Tous deux portaient une barbe de plusieurs jours et des vêtements ayant un urgent besoin d’être lavés. Je présumai que c’était un état de choses auquel je devrais m’habituer. Le plus jeune des deux, celui derrière le comptoir, me dévisagea un instant avant de m’adresser la parole.

— Comme je le disais à Fabrice, nous attendons encore le passage du navire La Fortune Blanche. Son arrivée était prévue pour le mois dernier, mais je suppose qu’il a quitté le port en retard ou qu’il a rencontré des problèmes en cours de route. C’est votre seule chance de rallier Québec. Sinon, comme Fabrice vous l’a sûrement mentionné, il est toujours possible que vous regagniez la France sur un navire en partance. À condition, bien sûr, d’être en mesure de pouvoir payer les droits de passage et d’y trouver une place…

L’autre ajouta son grain de sel, précisant qu’il y avait plus d’une façon de payer son transport, surtout pour une jolie jeune femme. Je préférai ne pas relever.

— Vous pouvez demeurer ici jusqu’à ce que vous ayez choisi l’une ou l’autre des possibilités. Mais je vous préviens, c’est assez rudimentaire. Je ne sais pas à quoi vous êtes habituée, mais si vous restez, il faudra vous faire à notre mode de vie.

« Crois-moi, mon bonhomme, tu ne veux pas savoir à quoi je suis habituée », pensai-je. Je lui offris mon plus beau sourire, en même temps que ma réponse.

— N’ayez crainte, je m’adapterai à vos conditions.

Sans plus se préoccuper de moi, les hommes se mirent à discuter entre eux. Je sortis en douce. Dehors, la pluie tombait dru et le temps sombre ajoutait à la morosité qui menaçait de m’envahir. Pleinement consciente que ma situation ne serait plus jamais facile ni confortable, j’avais quand même beaucoup de mal à composer avec l’incertitude permanente. Je soupirai, levant les yeux au ciel. La pluie glissa sur mon visage, mes larmes s’y mêlant, m’apaisant légèrement. Je portai la main à mon cou puis refermai mes doigts sur mon pendentif, comme si ce geste pouvait m’apporter un certain réconfort. Le souvenir de Tatie s’imposa alors très fort à mon esprit. Pendant un instant, j’espérai de tout mon cœur pouvoir me retrouver à ses côtés et me blottir dans ses bras comme lorsque j’étais enfant alors qu’elle consolait mes peines et mes déceptions. Les yeux fermés, je priai pour avoir la chance de la revoir un jour…

— Le temps est venu de nous dire au revoir.

La voix de Fabrice creva ma bulle de nostalgie.

— En effet, admis-je à regret. Je vous remercie de m’avoir conduite jusqu’ici, mais surtout de m’avoir servi d’interprète…

— Oh ! C’était la moindre des choses. J’espère que vous pourrez regagner Québec comme vous le souhaitez, même si je me demande bien ce que vous comptez y faire puisque vous ne désirez visiblement pas y retrouver votre mari.

Le tout avait été dit sans méchanceté aucune, mais avec un je-ne-sais-quoi qui supposait que le jeune homme ne m’avait pas vraiment crue. Il avait tout simplement accepté le fait que je ne veuille pas m’ouvrir davantage et je lui en étais reconnaissante.

— Pour être honnête, je ne sais pas… Ne vous en faites pas, je me débrouillerai très bien.

— Je n’en doute pas une seconde.

Les Amérindiens sortirent à ce moment du poste de traite et lui jetèrent un regard interrogateur. Fabrice leur dit de se mettre en route, qu’il les rejoindrait dans un instant.

— La vieille Uapikun m’a demandé de vous transmettre un dernier message…

Je haussai un sourcil interrogateur, curieuse de savoir ce que cette étrange femme avait bien pu lui raconter.

— Vous portez la solution à vos problèmes de sommeil.

Sur cette phrase énigmatique, il se détourna pour rejoindre ses compagnons.

— C’est tout ? lui criai-je.

Il se retourna, sourire en coin.

— Vous ne vous attendiez tout de même pas à ce qu’elle soit plus claire ?

— Non, en effet, répondis-je dans un faible sourire.

— Au revoir, Naïla. Et que votre dieu, quel qu’il soit, vous protège sur cette terre de misère… ou ailleurs.

Il s’en fut ensuite, me laissant avec ses paroles et celles de l’Indienne, résonnant en écho. Elles me firent m’interroger sur ce que les gens pouvaient réellement penser de moi.

— Vous devriez rentrer. Le temps est propice à attraper la mort…

Le jeune homme blond, debout dans l’embrasure de la porte, me regardait étrangement. Il ne devait pas avoir plus que mon âge. Je le suivis à l’intérieur.

 

* *

*

 

Il s’écoula plus d’une semaine avant que l’on aperçoive un premier navire… qui n’allait même pas dans la bonne direction. Je m’ennuyais ferme dans ce coin perdu de la colonie, sans aucune vie sociale. Je passais la majeure partie de mon temps à flâner sur la grève dans l’attente de voiles à l’horizon ou à l’abord des forêts environnantes. Mes nausées se faisaient un peu moins insistantes et j’espérais qu’elles disparaîtraient bientôt. Elles représentaient un rappel quasi constant de ma triste situation et de ce qu’elle pouvait engendrer dans un monde qui me paraissait, en ce moment même, encore plus lointain que celui de la Terre des Anciens.

J’étais dans la petite chapelle de pierre, en retrait du poste de traite. Je m’y réfugiais de plus en plus souvent, alors que s’égrenaient les jours. L’endroit avait l’avantage de m’apporter un semblant de paix intérieure, me permettant de réfléchir. Je ne croyais plus guère en un dieu, quel qu’il soit, depuis les décès tragiques qui avaient bouleversé ma vie. Toutefois, la sérénité m’était nécessaire pour continuer et c’est ici que je m’en rapprochais le plus. Je fermai les yeux quelques instants, extirpant de ma mémoire les images de ceux que j’avais profondément chéris, de même que de celui que je croyais aujourd’hui aimer. Cette dernière image était la plus douloureuse, ne portant que des incertitudes et des questionnements. Pour la première fois depuis que je fréquentais ce lieu, je priai réellement afin de revoir un jour cet homme d’un autre temps.

Je me relevai sans hâte et sortis dans la fraîcheur de l’automne. Les feuilles tombaient sans relâche depuis le matin. Le vent s’était levé avec le soleil, entreprenant un grand ménage avant l’hiver. Je resserrai sur moi les pans de ma cape trop mince avant de me diriger vers les berges. J’aurais dû rentrer et me réchauffer près du feu, mais je n’avais nulle envie de me retrouver en tête-en-tête avec Joseph. Je préférais fuir sa compagnie, non pas parce qu’il n’était pas gentil ou intéressant, mais bien parce que je ne trouvais rien à lui dire qui puisse détourner la conversation de mon passé suffisamment longtemps pour éviter les questions gênantes. Déjà que mon besoin d’hygiène personnelle le déroutait, alors que la mode en Nouvelle-France était aux couches de crasse en strates multiples.

Je regardai loin en aval, guettant toujours le navire qui pourrait m’amener à Québec. J’eus beau scruter l’horizon, je ne vis rien qui puisse m’arracher un cri de joie. Je décidai de faire une promenade vers le fjord. J’avais fait quelques pas à peine lorsque je me retournai instinctivement, parcourue d’un long frisson semblable à ceux qui s’emparaient de moi quand je faisais des cauchemars la nuit. Pendant quelques instants, j’eus la nette impression que je n’étais pas seule sur les rives de ce grand fleuve. Je tremblais, mon cœur battant la chamade. S’il fallait que mes visions me hantent même le jour, jamais je ne parviendrais à tenir le coup.

Je prenais religieusement la tisane d’Uapikun avant de me coucher, mais elle était de moins en moins efficace, comme un médicament dont les effets s’amenuisent avec le passage du temps. Je n’avais toujours pas réussi à décrypter le message de l’Amérindienne, affrontant chaque jour des images de plus en plus dérangeantes de batailles sanglantes et de monstres sanguinaires. De nouveaux personnages avaient brusquement fait leur apparition au cours des dernières nuits. L’un d’eux ricanait sans cesse bêtement, tandis qu’un autre ne se déplaçait jamais à visage découvert ; il portait constamment un capuchon. Mélijna avait aussi fait un retour remarqué dans mes pensées. Elle était cependant plus jeune et l’homme qui se tenait à ses côtés n’était pas Alejandre. Était-ce le précédent sire de Canac ? Jusqu’où ce retour dans le temps allait-il me projeter ?

Tous ces questionnements me ramenaient à un autre, plus doublant : pourquoi étais-je incapable de la moindre magie ? Chaque jour, j’essayais d’accomplir une prouesse quelconque, mais il ne se produisait jamais rien. Comble de malheur, toutes mes tentatives de télépathie se soldaient par un échec cuisant, Alix avait peut-être raison d’affirmer que je n’étais qu’une piètre imitation d’une véritable Fille de Lune…

 

* *

*

 

Le lendemain, à l’aube, je m’éveillai le cœur battant. J’enfilai mes vêtements à la hâte et sortis en vitesse, autant pour aller soulager ma vessie que pour chasser de mon esprit de nouvelles visions de cauchemar. Mordant, l’air froid dissipa mes angoisses, mais donna le coup d’envoi à mes nausées somnolentes. Je bifurquai de ma destination initiale pour vomir dans les ifs, n’ayant nulle envie de me pencher au-dessus des latrines. Par habitude, je jetai ensuite un œil vers le large. Quelle ne fut pas ma surprise d’y apercevoir de grandes voiles déployées, tout juste sur la ligne d’horizon. Mieux valait déjeuner et faire un brin de toilette, au cas où…

 

* *

*

 

— Vous n’êtes que deux pauvres imbéciles !

Sur ce, je claquai la porte dans un élan rageur. Les yeux brouillés de larmes, je me précipitai vers la chapelle où je m’effondrai sur un banc. Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que je ne retrouve mon calme, mais la fureur qui m’habitait ne diminua pas d’un iota ; je la maîtrisais, point.

J’inspirai profondément, tentant de faire taire la petite voix dans ma tête qui me serinait que je n’étais qu’une idiote. Comment avais-je pu croire que je prendrais tranquillement le bateau comme on prenait l’autobus dans mon ancienne vie ? Pourquoi n’avais-je pas pensé que les navires ne s’arrêtaient que rarement au poste de traite quand ils voguaient vers Québec ? Si j’avais réfléchi un tant soit peu, j’aurais compris qu’ils n’avaient rien à faire à Tadoussac à leur arrivée, que les échanges se déroulaient plus tard, quand ils retournaient en France. J’étais maintenant prisonnière de ce coin perdu de la colonie, à la merci des hommes…

Moins d’une heure auparavant, je me précipitais pourtant vers la cabane, criant que La Fortune Blanche arrivait enfin. Mon enthousiasme n’avait pas suscité les réactions escomptées ; Arthur affichait un sourire narquois pendant que Joseph détournait le regard, mal à l’aise. Soudain moins enjouée, je les avais harcelés jusqu’à ce qu’ils crachent enfin la vérité, à savoir qu’il n’avait jamais été question que je puisse embarquer pour Québec cet automne. Arthur avait plutôt convaincu son compagnon de ne rien dire, espérant stupidement que je me résignerais à passer l’hiver ici avec eux. Au sourire de convoitise que m’avait alors adressé le dénommé Arthur, il était clair qu’il voyait en moi un incroyable potentiel de divertissement. J’avais laissé exploser ma colère, proférant une série de jurons dignes des pires charretiers et leur promettant – surtout au plus vieux – un hiver à côté duquel même le pire des calvaires serait une sinécure…

 

Le talisman de Maxandre
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